«Ça y est. Ils attaquent.»A 1 h 30 du matin, mercredi, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux ukrainiens. L'évacuation du campement installé sur la place de l'Indépendance (ou Maidan) à Kiev était attendue depuis des jours. Les grands moyens sont employés : d'interminables colonnes de policiers et du Berkout - de redoutables unités de choc - s'étirent à chaque entrée de la Maidan, transformée en souricière. Derrière elles, des camions poubelles attendent, moteur allumé, que la place soit dégagée. «Selon la municipalité, il s'agit de rouvrir les rues à la circulation et d'achever la construction d'une patinoire géante», explique, avec ironie, Ihor, jeune manifestant en poste sur une des barricades de fortune. Hormis quelques groupes de jeunes tendance extrême droite, armés de bâtons et de barres de fer, la majorité des 2 000 manifestants présents n'a pas d'armes.
Lueurs. Les unités de police enfoncent vite un pan de la défense. Sur les autres flancs, les manifestants forment un mur vivant qui bloque le passage aux assaillants, dont le but est de refouler les contestataires en évitant le combat. Sur la rue Mala-Zhytomyrska, les leaders de l'opposition, dont Vitali Klitschko, muni d'un haut-parleur, et son frère Wladimir, parviennent à stopper l'avance des policiers. S'engage une longue attente entrecoupée de mouvements de troupes, de jets de gaz lacrymogènes ici, et d'échauffourées là.
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