L’enjeu de «l’eurorévolution» ukrainienne n’est pas seulement l’avenir de ce pays mais aussi celui du projet communautaire lui-même. Parallèlement à la Turquie, qui a entamé en 2005 les négociations d’adhésion à l’Union européenne, l’Ukraine, à qui Bruxelles offre seulement un «accord d’association», pose autrement la même question : jusqu’où va l’Europe et pourquoi faire ? C’est-à-dire sa limite géographique et son identité.
Les jeunes massés sur la place de l'Indépendance, le lieu symbole de la contestation, clament tout à la fois «nous voulons l'Europe» mais aussi «nous sommes l'Europe». Alors que le doute ronge les opinions des «28», l'Europe reste aux yeux de nombre d'Ukrainiens un espace symbole de démocratie et de bien-être même si Bruxelles se garde bien d'évoquer une future intégration. Avec son histoire tragique, l'Ukraine reste un pays de l'entre-deux, tout à la fois berceau de la Russie mais aussi jadis partie intégrante de l'Autriche-Hongrie dans sa partie occidentale, berceau du nationalisme ukrainien. A la différence de la révolution orange de 2004, le mouvement est général – y compris dans l'est traditionnellement russophile -, né du refus du président prorusse Viktor Ianoukovitch de signer lors du sommet de Vilnius (28-29 novembre) l'accord avec l'UE.
Les Américains parlent haut et clair clamant leur «dégoût» face à la répression en cours. Les Européens commencent à hausser le ton mais restent en demi-teinte, d'autant qu'ils sont aussi sur ce