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grand angle

Migrants Mourir aux frontières de l’Europe

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Cette carte, apparemment enfantine, du géographe Philippe Rekacewicz montre la triple enceinte grâce à laquelle l’UE espère se protéger.
par Brice Gruet
publié le 11 décembre 2013 à 17h06

Au mois d’octobre, près de 400 migrants, érythréens et syriens, sont morts noyés en essayant d’atteindre les côtes de Lampedusa. En tout, quelque 35 000 demandeurs d’asile ont débarqué sur les rivages italiens depuis le début de l’année. L’île de Lampedusa, au sud de la Sicile, est une des portes d’entrée les plus fréquentées aux frontières de l’Europe. Ce continent s’est enfermé sur lui-même, il s’est entouré de trois frontières concentriques, espérant ainsi échapper au mouvement de l’histoire. C’est ce que montre cette carte, avec une légende très simple et cinq entrées, pas une de plus.

Schengen autour du noyau

Le large trait orangé correspond au premier cercle, à la première frontière européenne, la plus lointaine et peut-être la plus lâche : la surveillance au-delà des limites politiques de l’Union européenne, dans les régions et pays voisins devenus zones de transit pour les futurs clandestins, comme la Turquie, l’Afrique du Nord et l’Europe orientale (Biélorussie, Ukraine). C’est le domaine de Frontex, l’agence européenne spécialisée dans la sécurité aux frontières, dotée de moyens extrêmement importants. Son objectif est clair : bloquer l’accès à l’UE de tous les migrants considérés comme indésirables, c’est-à-dire la majorité d’entre eux. La devise de Frontex - Libertas, Securitas, Justitia - sonne comme une blague, car la réalité est bien différente. Ceux qui sont chargés de surveiller et d’intervenir sont souvent des militaires, et les moyens mis en œuvre dignes d’une véritable guerre. Cel