Beaucoup la surnomment déjà «l’eurorévolution». La contestation ukrainienne a en effet été attisée par le refus du président prorusse, Viktor Ianoukovitch, de signer, lors du sommet de Vilnius, fin novembre, l’accord d’association avec l’UE. Un accord négocié depuis des années dans le cadre du «Partenariat oriental» de l’Union destiné aux ex-républiques soviétiques, lancé en 2009 à l’initiative notamment de la Pologne et de la Suède dans la relative indifférence d’autres Etats membres - dont la France surtout focalisée alors sur son projet d’Union pour la Méditerranée. Les jeunes massés sur la place Maidan - la place de l’Indépendance - de Kiev clament tout à la fois leur désir d’Europe mais plus encore le fait qu’ils «sont» l’Europe. Alors que le doute ronge une bonne partie des opinions publiques des Vingt-Huit, l’Union demeure, aux yeux d’une majorité d’Ukrainiens, un espace de démocratie et de bien-être. Il est significatif que ce mouvement commence à toucher aussi les régions de l’est du pays traditionnellement russophiles, à la différence de la révolution orange de 2004 qui vit la première - mais éphémère - victoire de l’opposition réformiste.
Pays de l'entre-deux. L'enjeu de cette crise va bien au-delà du seul avenir de l'Ukraine et porte sur le projet communautaire lui-même. Comme la Turquie - qui a entamé en 2005 des négociations d'adhésion -, Kiev pose, bien qu'en d'autres termes, la même double question à l'UE : jusqu'où va l'E