Pour la troisième journée consécutive, le centre de Pretoria n’était qu’une interminable file d’attente, ce vendredi. Un long lacet coloré et patient qui fait des boucles, se croise et se recroise dans la capitale, témoignage de l’immense gratitude d’un peuple pour son demi-dieu. Ils sont des dizaines de milliers à espérer voir une dernière fois Nelson Mandela dans la cour de Union Buildings, le siège du gouvernement, où la dépouille de l’icône est exposée au public.
Dès l’aube, il fallait patienter longtemps aux aires d’attentes d’où partaient les bus affrétés pour la foule vers la capitale. A 8 heures, il paraît évident que certains attendront toute la journée sans même pouvoir arriver dans le centre. Cela n’entame pas la bonne humeur : dans les véhicules, ce n’est que rires et chants en l’honneur de Mandela. A Pretoria, dans les escaliers qui mènent à Union Buildings sur les hauteurs de la ville, l’attente est recueillie et disciplinée, l’émotion paraît contenue par la solennité du lieu et du moment.
«Nous sommes là pour le remercier»
Dans la file, Michelle et Richard, un couple blanc de la classe moyenne. La quarantaine, originaires de Johannesburg, ils sont déjà venus hier avec leurs enfants, sans succès. «On était à 5 kilomètres quand ils ont fermé les portes. Alors ce matin on est venus à 4 heures pour tenter à nouveau notre chance.» Il ne s'agit pas tant pour eux de voir le corps mais d'être là «en signe de respect». Michelle : «Cette file d'attente, c'est un peu notre "long chemin