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Libération
Reportage

En Ukraine, le pouvoir tend la main avant de bomber le torse

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Malgré l’ouverture, vendredi, d’un dialogue entre les autorités et l’opposition, les deux camps mobilisaient leurs forces avant le week-end.
publié le 13 décembre 2013 à 20h46

«Nous ne sommes pas là pour soutenir les politiciens, mais pour notre avenir.» Iouri Loutsenko, l'homme qui parle vendredi à la foule massée comme chaque jour sur la place centrale de Kiev, est auréolé du prestige de victime de la répression. Poursuivi par la vendetta du président Viktor Ianoukovitch, cet ancien ministre de l'Intérieur a passé deux ans derrière les barreaux. Il appelle la foule à ne pas avoir peur alors que la tension monte à la veille d'un week-end de grands rassemblements, les uns convoqués par l'opposition, les autres par le pouvoir : «Si la police arrête les leaders de l'opposition, d'autres prendront leur place.»

Dans la foule, les drapeaux ukrainiens s’agitent. Car les trois chefs de file de l’opposition, Vitali Klitchko, le boxeur du parti Oudar (Coup de poing), Oleh Tiahnibok du parti nationaliste Svoboda (Liberté) et Arseni Iatseniouk de Batkivshchyna (Patrie), viennent de monter sur l’estrade. Et portent le même message : ils vont s’asseoir avec le président, Viktor Ianoukovitch, autour d’une table pour lui faire part des revendications des manifestants. Ils vont lui dire qu’il doit remplir trois conditions avant de négocier : libérer les manifestants arrêtés, punir les responsables des violences policières et limoger le gouvernement. Ensuite, a expliqué Klitchko, il faudra organiser des élections présidentielle et législatives anticipées.

A mi-voix, de peur d'inquiéter les manifestants, l'opposition vient d'entrer dans un processus