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Interview

«L’Iran pourrait passer de pays étranglé à Etat pré-émergent»

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Ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine loue l’accord sur le nucléaire iranien signé fin novembre et invite la France et l’Union européenne à réinventer leur politique étrangère.
publié le 13 décembre 2013 à 17h06

Ancien secrétaire général de l'Elysée sou François Mitterrand, et ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin, Hubert Védrine (1) revient pour Libération sur la nouvelle donne créée par la perspective d'un accord historique sur le nucléaire iranien signé à Genève dans la nuit du 23 au 24 novembre avec les pays du «5 +1 » (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, plus l'Allemagne).

L’accord intérimaire de Genève marque-t-il le retour de l’Iran sur la scène internationale ?

L’engagement de ce processus est un événement considérable. Il peut conduire, un jour, à la réinsertion de l’Iran dans le jeu international dont il s’est exclu - ou a été exclu - depuis la révolution islamique de 1979. L’enjeu est énorme : l’acceptation et la normalisation de l’Iran islamiste. La question des projets nucléaires iraniens a, en plus, aggravé les tensions internationales, notamment au Moyen-Orient, depuis plus de dix ans. Des occasions ont été perdues, par exemple après l’élection de Mohammad Khatami en 1998. J’étais d’ailleurs allé le voir, mis en garde par Jacques Chirac. Et surtout en 2004-2005, quand des négociations étaient peut-être possibles. Mais les Etats-Unis ne voulaient sans doute pas relégitimer ce régime, même via un éventuel bon accord sur le nucléaire. Cela me rappelle les désaccords entre les Occidentaux qui voulaient aider Gorbatchev - Kohl, Mitterrand, Delors - et ceux - Bush père, le Britannique John Major, le Canadien Mulroney - qui ne voulaient rien faire qui compromette la chute de l’URSS.

Jusqu’où peut aller cette dynamique ?

Si les engagements pris (arrêts, contrôl