C’est une cicatrice qu’elle porte au front depuis trois ans. Ce soir-là, Pertunia Masetha, frêle Zimbabwéenne de 28 ans, revenait de son travail d’agent de sécurité dans un centre commercial. Il faisait nuit noire, elle était sur le point d’arriver quand des hommes lui sont tombés dessus avec une barre de fer avant de repartir avec le peu d’argent qu’elle avait. Pertunia habite l’un des toits de tôle de Diepsloot, un township du nord de Johannesburg. Environ 250 000 personnes s'y entassent, dont beaucoup d'immigrés : Zimbabwéens, Somaliens, Ethiopiens, Mozambicains...
Ici, le sida est endémique, les agressions, meurtres et viols monnaie courante. Les émeutes aussi, qui peuvent éclater en un éclair à la première étincelle. Mi-octobre, la population s’est révoltée après le meurtre et le viol restés impunis de deux fillettes de deux et trois ans dont les corps ont été retrouvés dans les latrines communes. Les habitants ont menacé de brûler vif les suspects et ont saccagé plusieurs commerces tenus par des étrangers. La police? Il n’y a pas de commissariat et les patrouilles sont insuffisantes. De l’avis des habitants, les policiers sont de toute façon trop corrompus pour ramener l’ordre. La population fait alors justice elle-même. A Diepsloot, mieux vaut ne pas se retrouver accusé d’un crime, surtout si on est immigré.
Comme plusieurs millions de Zimbabwéens, Pertunia a fui la misère espérant trouver en Afrique du Sud, première économie du continent, une vie meilleure. La plupart