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Libération
TRIBUNE

Le boycott pour sauver Israël de sa politique

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par Daniel Blatman, professeur d'histoire contemporaine à l'université hébraïque de Jerusalem
publié le 15 décembre 2013 à 17h06
(mis à jour le 16 décembre 2013 à 12h31)

En juillet, Israël a réagi avec colère contre la décision de la Commission européenne stipulant qu'à dater du 1er janvier 2014, les pays membres de l'Union imposeraient un boycott des produits fabriqués dans les territoires occupés et n'autoriseraient plus le financement de projets scientifiques dans lesquels seraient impliqués des chercheurs ou des institutions liés aux colonies.

Les hommes politiques israéliens ont repris à cette occasion les clichés consacrés sur la mémoire historique de l’Europe dont ils déploraient la disparition ; on a pu entendre des allusions à peine voilées à la persistance d’un antisémitisme traditionnel ; des déclarations absurdes selon lesquelles Israël était tout à fait capable de se passer de la coopération technologique et scientifique de l’Europe ont été proférées. Puis, sans surprise, le gouvernement israélien a accepté de se plier aux conditions imposées par la Commission.

L'idée d'imposer un boycott a toujours été considérée comme une question délicate par de nombreux juifs. Il est vrai que l'histoire juive ne manque pas d'exemples où ils ont été les victimes d'un boycott antisémite. Pourtant, en mars 1933, une organisation juive n'a pas hésité à se rallier à l'idée de boycott. Moins de deux mois s'étaient écoulés depuis l'accession de Hitler au pouvoir en Allemagne et l'antisémitisme nazi menaçait l'existence même des Juifs dans ce pays. Lors d'une assemblée extraordinaire, les responsables juifs américains décidaient de boycotte