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Libération
grand angle

L’annonce faite à Souhad

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Des Palestiniens purgeant de longues peines dans les prisons israéliennes se débrouillent pour faire parvenir des échantillons de sperme à leurs femmes. Cinq enfants sont déjà nés en Cisjordanie, dix-huit autres sont attendus.
publié le 17 décembre 2013 à 17h06

Elle a mis le traditionnel foulard à damiers rouges et blancs autour du cou de Majd, son bébé de 4 mois. En ce jour de manifestation pour les prisonniers palestiniens, un sit-in organisé devant les bureaux du Comité de la Croix-Rouge à Ramallah, elle est assise à côté d’autres femmes qui tiennent devant elles le portrait de leurs maris incarcérés.

Subrepticement

A 36 ans, Lydia a donné naissance à un fils dont le prénom signifie gloire. Un visage sérieux, des yeux verts, portant un long manteau et un voile sobre, elle assume stoïquement son rôle de symbole d’une autre forme de liberté pour les prisonniers. Le père de son fils, Abdelkarim Rimaoui, a été condamné à vingt-cinq ans de prison, il a purgé la moitié de sa peine. Comme les quelque 5 000 «prisonniers de sécurité» palestiniens, condamnés pour des actes de terrorisme, il est interdit de contacts intimes avec sa femme.

Pourtant, depuis l’été 2012, plusieurs Palestiniennes ont réussi à donner naissance à des bébés de condamnés, en faisant subrepticement sortir de prison le sperme de leur mari, et en se soumettant au processus de procréation assistée. Elles ont suivi l’exemple d’Oum Mohannad qui, la première, s’est procuré en douce la semence de son mari, condamné vingt-neuf fois à la prison à vie.

Le docteur Nizam Najib dirige le Centre médical (privé) Razan pour infertilité et fécondation in vitro à Ramallah. «Depuis l'an dernier, cinq enfants de prisonniers sont nés grâce à ce système ; nous avons dix-huit femmes enceintes en ce mom