Sociologue et politologue, Ilvo Diamanti est professeur à l'université d'Urbino (centre du pays). Il donne également des cours à Paris-II et signe régulièrement des éditoriaux dans la Repubblica.
Les «forconi» sont-ils des orphelins de la politique après le retrait de Silvio Berlusconi ou de la Ligue du Nord ?
Les forconi expriment sans aucun doute le manque de représentation politique, mais il n’est pas sûr qu’ils soient en demande de représentation politique. Ils résument toutes les tensions sociales, territoriales, qui dans le passé ont été interprétées par des acteurs plus ou moins politiques. Mais, avant tout, les forconi expriment toute une série de mécontentements. Ils agissent sur le sentiment et le ressentiment en bloquant la circulation et les systèmes de communication qui sont essentiels dans notre société pour avoir un écho médiatique. Mais le fait essentiel, c’est qu’aujourd’hui, en Italie, il n’y a pas de force politique qui soit capable de gérer le consensus ni même la contestation. Il n’y a que de la défiance. Quant aux médias, ils se nourrissent de ce type de mobilisation, ils s’en alimentent sachant que le spectateur est attiré par ce spectacle. C’est un cercle vicieux. Les forconi ont du mal à mobiliser les foules et ne sont pas capables de s’organiser, car ils n’ont pas de thème central et sont l’expression d’une multitude de revendications. Mais dans une société où règne la défiance, lorsqu’ils sont dans la rue et même s’ils ne sont que 3 000 comme [hier] à Rome, cela devient la première info. Les forconi représentent le spectacle de la défiance et c’est exact