«L'objectif ? Démolir le système. Nous irons de l'avant tant que cette classe politique de bons à rien et de délinquants ne sera pas virée.» Son discours est lapidaire et déterminé. Mariano Ferro est une sorte de leader historique des forconi (les «fourches»). C'est lui qui, en 2012 et avec une cinquantaine d'autres agriculteurs en colère, avait saisi sa fourche et bloqué la Sicile pendant quinze jours. Depuis quelques mois, il a repris le combat et mis en branle un mouvement autant hétéroclite qu'explosif. Le rassemblement prévu hier soir sur la place du Peuple, à Rome, - et qui a finalement peu mobilisé - devait apparaître comme une sorte d'apothéose à un phénomène qui a partiellement paralysé au cours des dernières semaines de nombreuses villes de la péninsule et constituer, pour certains, un prélude à l'assaut final contre la «caste». Qu'elle soit politique, syndicale ou patronale.
Sorte de bonnets rouges à la sauce italienne, mais en plus spontanés et plus violents, les forconi sont l'expression la plus radicale d'une péninsule en proie à la crise économique, à la faillite de milliers d'entreprises ou encore à un chômage des jeunes qui atteint 41%. «Nous sommes les victimes d'une boucherie sociale», répètent les porte-parole de la «coordination du 9 décembre», date de la première grande action d'éclat généralisée à tout le pays. Ce jour-là, les agriculteurs du Mezzogiorno (Sud) comme les petits entrepreneurs de Vénétie (Nord-Est), rejo