Des tas de poubelles et le droit divin ont eu raison de Gustavo Petro. Le maire de Bogotá a été destitué le 9 décembre par le procureur général de Colombie à cause d'improvisations dans la gestion des ordures, à deux ans de la fin de son mandat. Petro, premier ex-guérillero à parvenir à un poste de cette importance, est en outre mis au rebut de la politique : il lui est interdit d'exercer toute charge publique pendant quinze ans. «J'aurai 68 ans, cela veut dire condamnation à perpétuité», a calculé le futur ex-élu. Il ne lui reste qu'un recours devant la même instance et une incertaine bataille juridique pour espérer conserver son mandat après janvier.
Le procureur Alejandro Ordoñez, un homme extrêmement droit qui écrivait dans sa thèse de fin d'études que «Dieu est la source et l'origine de l'autorité politique», l'a puni pour une hérésie majeure :«Restriction à la libre concurrence.» Gustavo Petro a tenté en décembre 2012 d'attribuer le ramassage des ordures à un monopole municipal. Mais ce dernier était mal préparé, et les trottoirs de la ville se sont couverts de tas d'immondices pendant trois jours. Le maire a finalement dû faire appel à la plupart des anciens prestataires privés, en leur imposant une légère ristourne. Trop tard : le procureur, chargé du contrôle des élus et fonctionnaires, s'est emparé de l'affaire. Ce catholique intégriste s'était déjà illustré en tentant de s'opposer aux droits des homosexuels, aux dialogues de paix avec les