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Khodorkovski gracié : l’opération séduction du Kremlin

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En disant vouloir libérer l’oligarque, détenu depuis dix ans pour s’être opposé à lui, Poutine s’achète une image à quelques semaines des JO de Sotchi.
Mikhaïl Khodorkovski lors d'une audience judiciaire à Moscou, en octobre 2010. (Photo Denis Sinyakov. Reuters)
publié le 19 décembre 2013 à 21h06

Comme souvent Vladimir Poutine a su ménager sa surprise. A l'issue d'une conférence de presse devant 1 300 journalistes russes et étrangers qui a duré plus de quatre heures, le président russe a lâché devant quelques correspondants, au moment de quitter la salle, qu'il comptait gracier Mikhaïl Khodorkovski, l'ex-patron du géant pétrolier Ioukos. «Tout récemment, il a écrit cette lettre et s'est adressé à moi pour me demander sa grâce, a déclaré Poutine. Le décret sera signé bientôt.» Cette nouvelle sensationnelle a pris de court tout le monde, y compris les avocats du prisonnier le plus célèbre de Russie, qui ont refusé de confirmer l'information avant d'avoir vu leur client.

Étonnement. Selon Poutine, Khodorkovski aurait invoqué la maladie de sa mère pour demander une libération anticipée. En l'absence d'une déclaration de l'intéressé, et face à l'étonnement de ses proches, il est difficile de spéculer sur la démarche de Khodorkovski, qui a toujours refusé de déposer une demande de pardon, laquelle aurait été une reconnaissance de sa culpabilité. Par deux fois, la libération conditionnelle ne lui a pas été accordée, et une troisième affaire Ioukos est dans les tuyaux du parquet général.

Subitement, Poutine semble préoccupé par la destinée de celui qu'il a appelé respectueusement «Mikhaïl Borissovitch» alors qu'il qualifiait par le passé de «voleur qui doit rester en prison» cet oligarque qui avait osé l