Dans le quartier de Lakouanga, des soldats burundais de la force africaine de maintien de la paix attrapent un homme à l’arrière d’un pick-up et le jettent sans ménagement sur le sol. C’est un blessé, lacéré de coups de machettes. A ses côtés, un autre agonise sous les rafales de tirs. La scène a eu lieu vendredi. Bangui a renoué avec la violence après quelques jours d’accalmie.
A Lakouanga, les troubles ont commencé lorsque les «anti-balaka», ces milices d’autodéfense chrétiennes apparues en septembre, ont attaqué vendredi à l’aube. Très vite, elles se heurtent à la résistance des habitants et de certains groupes des ex-rebelles de la Séléka, qui ont pris le pouvoir en mars avant d’être officiellement démantelés. Aussitôt, la vie s’est arrêtée. Les stations d’essence sont toujours fermées, les taxis ne circulent plus, les commerces ont condamné leurs portes.
«Appui». En réalité, les troubles avaient commencé jeudi soir dans le quartier de Gobongo : ce soir-là, un véhicule de l'armée tchadienne a été visé par une grenade. Bilan : 6 blessés. Les Tchadiens, comme les Burundais, font partie de la force africaine en place pour une mission de paix à laquelle la France est censée n'apporter qu'un «appui». Mais les Tchadiens sont détestés par la population qui les accuse d'être complices des ex-rebelles de la Séléka. Il y a aussi des raisons plus immédiates. A Gobongo, William, âgé de 33 ans, tenait une échoppe de pièces détachées. «