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Libération

La Tanzanie veut faire bonne piqûre

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A Dar es-Salam, Médecins du monde sillonne les camps de toxicomanes, très exposés au sida et à l’hépatite C.
publié le 20 décembre 2013 à 17h06

On les appelle les camps. Aucune barrière pourtant, aucune porte à franchir pour y accéder. De taille variable, ils se situent en bout de terrain vague ou s’étendent sur tout un quartier de la ville, parfois même se replient sur les bords du fleuve qui se jette dans l’océan Indien. On en compte une petite soixantaine à Dar es-Salam, la capitale économique de la Tanzanie.

Les camps, c’est là que se retrouvent les dealers et, surtout, les consommateurs d’héroïne. L’un des plus grands se trouve dans le nord de la ville. Il n’a pas de nom, mais on le reconnaît au bus blanc et bleu de Médecins du monde qui y stationne souvent. Tout autour s’étale sur des kilomètres un quartier pauvre, comme il y en a tant dans ces grandes métropoles africaines noyées dans la poussière et les embouteillages. Les échoppes vivotent, collées les unes aux autres, brinquebalantes, et les ruelles sont en vrac. A l’entrée du quartier, le long de la grande avenue, une sorte de décharge suivie de deux courettes où jouent des enfants. Puis ce qui ressemble à une grotte. Un lieu où l’on vient pour se piquer. Par terre, s’amoncellent des dizaines de seringues. Avec précaution, deux volontaires de Médecins du monde les prennent et les regroupent pour les entasser dans un conteneur.

Dans ce camp, tout le monde est habitué aux passages de l'ONG, même les dealers. Ces derniers connaissent par cœur les grands panneaux accolés au bus qui énumèrent les douze principes pour réduire les risques (de l'information au dépi