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Portrait

Itinéraire d’un oligarque atypique

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Rien ne destinait Khodorkovski au monde des affaires. Rien ne laissait présager non plus qu’il deviendrait un ferme opposant à Poutine et à la corruption d’Etat.
Mikhaïl Khodorkovski à Berlin, au lendemain de sa libération, le 22 décembre. (Photo Thomas Peter. Reuters)
publié le 22 décembre 2013 à 20h26

Avec ses petites lunettes et son sourire énigmatique, il a plus l’allure d’un mathématicien ou d’un joueur d’échecs que d’un roi du pétrole, même déchu. Mikhaïl Khodorkovski, le prisonnier du Kremlin qui vient d’être gracié et libéré, a toujours été un oligarque atypique. Un anti-bling-bling : la même femme depuis vingt ans - ils se sont connus à l’Institut moscovite, où il a étudié la chimie avant de devenir chef de la section locale des Komsomol (jeunesse communiste) -, aucun goût pour le luxe, pas de yacht ni de club de foot ou de basket.

«Enfant déjà, je rêvais de devenir directeur d'usine, pas cosmonaute ou militaire», livre-t-il dans la correspondance qu'il a tenue depuis sa prison avec l'écrivain russe Boris Akounine. Ses parents étaient ingénieurs et vivaient à Moscou dans un modeste deux pièces. Directeur, c'était sa vision à lui de la promotion sociale. Un rêve osé en cette époque de communisme déclinant pour un jeune issu d'une famille juive. Le rêve de Mikhaïl Khodorkovski sera comblé outre mesure.

«Doutes». Son ascension se confond avec l'histoire de la transition et l'arrivée au pouvoir de Boris Eltsine. Le chimiste est féru de nouvelles technologies. Il importe des ordinateurs d'Occident. C'est dans ce commerce, de computers certes, mais aussi de jeans délavés ou de cognac, que ce surdoué gagne ses premiers millions de dollars. Avec lesquels il monte une banque, la Menatep, qui gère les comptes d'exportatio