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Libération
EDITORIAL

Thriller

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publié le 22 décembre 2013 à 21h36

C’est la deuxième fois cette année - après son intervention dans la crise syrienne - que Vladimir Poutine prend par surprise la communauté internationale. Et ces gages qu’il donne prouvent que l’homme, tout autocrate qu’il soit, ne peut se passer du reste du monde. La libération de Mikhaïl Khodorkovski a un retentissement particulier. D’abord, l’histoire tient autant du conte de Noël que du thriller politique. Tous les ingrédients y sont, jusqu’au choix du lieu de la conférence de presse donnée hier, ce musée consacré au mur de Berlin près de Checkpoint Charlie, mythique point de passage entre l’Est et l’Ouest au temps du rideau de fer, un détail que John Le Carré ne renierait pas. Ensuite, cette grâce intervient moins de deux mois avant l’ouverture des JO de Sotchi, censés montrer au monde la toute puissance du «tsar» russe. Poutine ne peut se permettre un boycott des chancelleries étrangères. Et surtout, il a besoin d’attirer des investisseurs dans un pays où la croissance flanche. Quant à l’ancien oligarque, il s’est sans doute souvenu de ce vieil adage de l’ère stalinienne : «Il faut remplir les goulags ? On va vous trouver des coupables.» Il savait qu’il ne se remettrait pas d’un troisième procès qui aurait sans doute «exhumé» d’autres dossiers et l’aurait envoyé à vie dans un camp. Il y a là quelque chose du poète Joseph Brodsky, forcé d’émigrer en 1972 après des mois d’enfermement sous peine de vivre un enfer. Et même si Khodorkovski n’est ni un ange ni un poète, on p