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Libération
Critique

Willy Brandt, un modèle de social-démocratie

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publié le 23 décembre 2013 à 18h56

Il incarna le meilleur de la social-démocratie allemande. Résistant antinazi venu de l’extrême gauche, journaliste de talent et militant politique, Willy Brandt réussit à moderniser le SPD, lui faisant abandonner ses références encroûtées au marxisme. Il symbolisa la vaillance de Berlin-Ouest, lança la politique de réconciliation avec l’Europe de l’Est, saluée en 1971 par le prix Nobel de la paix, et joua un rôle-clé dans la réunification allemande après la chute du mur alors même que son parti était hésitant. Ses engagements sont aussi riches d’enseignement pour une gauche européenne, et notamment française, en perte de repères et de projets.

«L'image du chancelier à genoux au mémorial du ghetto de Varsovie domine certainement à l'étranger mais, en Allemagne, on associe également à son nom le social-démocrate conquérant, le réformateur dynamique, le grand séducteur, le mélancolique», rappelle Hélène Miard-Delacroix, professeur à la Sorbonne qui réussit dans sa biographie à raconter la vie mouvementée cristallisant toutes les tragédies allemandes du XXe siècle de Herbert Frahm, né de père inconnu, qui devint «Willy Brandt», son pseudo de résistant.

Conscient des dérives du stalinisme et du totalitarisme qui s'installe sur la moitié orientale de l'Europe, l'ancien révolutionnaire proche du trotskisme n'hésite pas à rappeler haut et fort : «Aujourd'hui, être démocrate, c'est être anticommuniste.» Devenu maire de Berlin puis, en 1969, premier chanceli