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Libération
Décryptage

Pourquoi le Soudan du Sud bascule dans la violence

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L'Etat créé en 2011 est entré depuis une semaine dans un cycle incontrôlé d'affrontements.
Un homme de l'ethnie Dinka près de Rumbek, dans le centre du pays, le 14 décembre. (Photo Goran Tomasevic. Reuters)
publié le 24 décembre 2013 à 15h06

Le Soudan du Sud n’est pas encore en guerre civile, mais il s’en approche dangereusement. Créé

après deux décennies (1983-2005) de guerre entre le Nord, musulman et arabophone (l’actuel Soudan), et le Sud, animiste et chrétien, le plus jeune Etat au monde a plongé mi-décembre dans la violence. Depuis la séparation, les tensions persistent avec Khartoum pour le contrôle des importantes ressources en pétrole et le tracé de la frontière. Mais cette fois, c’est à l’intérieur même du Soudan du Sud, pays enclavé de onze millions d’habitants miné par des rivalités politiques et des conflits ethniques, que la situation s’envenime et menace de devenir incontrôlable. Au point que les Nations unies devraient envoyer 6 000 hommes en renfort de la mission de l’ONU déjà sur place.

Le déclencheur : un coup d’Etat manqué

Le conflit couve depuis des semaines mais a réellement éclaté le 15 décembre, quand le président en exercice depuis la création du pays, Salva Kiir, a accusé son ancien vice-président Riek Machar de tentative de coup d'Etat. Riek Machar, qui dénonce la «dérive dictatoriale» de Salva Kiir et ambitionne de se présenter à la présidentielle de 2015, dément la tentative de putsch et crie au complot pour se débarrasser de lui. Mais depuis, ses hommes ont pris deux capitales régionales stratégiques : Bor, dans l'Etat chroniquement instable du Jonglei, et Bentiu, dans celui d'Unité, riche en pétrole. Ce coup d'Etat déjoué, réel ou non, a déclenché un cycle de vengeance entre les deux factions, toutes deux issues