Des millions de Canadiens diront bientôt adieu à leurs boîtes aux lettres et aux facteurs. Postes Canada a en effet annoncé la suppression prochaine du service de livraison des lettres et des colis à domicile. Une mesure inédite, qui prend aussi, selon ses détracteurs, des allures de sabotage. «Je n'aurais jamais cru ça possible», dit Sébastien, 45 ans. Facteur depuis huit ans à Montréal, il a appris la disparition de ce service offert depuis près de cent cinquante ans pendant sa tournée.
Fin de la livraison du courrier, hausse du tarif du timbre, suppression de 6 000 à 8 000 emplois : le «plan d'action» de Postes Canada a de quoi faire peur à ses 54 000 employés. La société parapublique n'a jamais caché ses difficultés. Concurrencés par Internet, les services postaux canadiens tombent lentement en désuétude. Il y a eu un million de lettres en moins échangées en 2012 par rapport à 2006, et les pertes accumulées pourraient atteindre, si rien n'est fait, un milliard de dollars (680 millions d'euros) d'ici à 2020, selon Postes Canada. Mais rares sont ceux qui ont vu venir la disparition pure et simple de la tournée des facteurs qui, tout de bleu vêtus, distribuent encore le courrier à pied en ville, été comme hiver. Certes, les deux tiers des Canadiens ne reçoivent déjà plus le courrier a leur porte : à la campagne, les boîtes à lettres sont disposées au bord des routes, et, en banlieue, ce sont des boîtes à lettres collectives qui ont remplacé les boîtes individuelles.