Il s'appelle Emotion Brice Namsio - «Mon vrai prénom». Il se présente comme le porte-parole des Combattants pour la libération du peuple centrafricain, le CLPC, l'une des milices d'autodéfense chrétiennes basées à Bangui. Emotion est un anti-balaka, un «anti-machette». A 33 ans, il ne quitte pas son pantalon de treillis kaki et ses rangers beige. Il se tient droit, sait se faire entendre par les autres combattants et regarde droit dans les yeux pour raconter dans un français impeccable son ralliement à la milice : «J'étais infirmier-accoucheur dans la ville de Bouar. J'ai vu une femme enceinte être violée par un ex-rebelle de la Séléka. Mes deux sœurs aussi ont été violées. C'est inacceptable.» Il a parcouru à pied les centaines de kilomètres entre sa ville natale du nord-est et la capitale centrafricaine pour prendre les armes. En réalité, les combattants sont surtout équipés de machettes, de haches, de quelques fusils de chasse rouillés et chargés de deux ou trois cartouches artisanales. Certains tiennent entre leurs mains des grenades. Un équipement rudimentaire, mais suffisant pour attaquer Bangui, le 5 décembre au matin, et plonger la capitale dans un infernal cycle de violences.
«Structure». Les anti-balaka se distinguent par leurs nombreux gris-gris. Ceux-ci leur permettent, croient-ils, d'invoquer le pouvoir d'invisibilité ou faire dévier la trajectoire des balles ennemies. Emotion lève fièrement son tee-shirt bl