Plus de quinze jours sont passés depuis les obsèques de Mandela. Un temps court, mais néanmoins nécessaire, pour qu’une parole différente puisse s’exprimer - et surtout être entendue -, celle de l’historien soucieux d’établir la vérité du passé. Un concert de louanges a fait suite au décès du leader sud-africain, qui a occulté toute perspective critique : «Géant de l’Histoire», «Icône extraordinaire», «Un des plus grands leaders de notre temps»… Au-delà des superlatifs des chefs d’Etat, la société civile a été invitée à se joindre à l’hommage. Les micro-trottoirs réalisés par les médias ont complété le tableau, comme si 7 milliards d’êtres humains venaient de perdre un proche…
Les raisons d'un hommage universel. Les grands hommes ayant remplacé les saints et les dieux - du fait de la sécularisation - à l'intérieur de panthéons nationaux, la globalisation n'a fait qu'introduire un changement d'échelle, la devise du marquis de Pastoret - «Aux grands hommes, la patrie reconnaissante» - s'étant mondialisée au cours du XXe siècle. La gloire est devenue supranationale : Mandela, comme Gandhi et Martin Luther King, appartient au patrimoine de l'humanité. Ses obsèques, télédiffusées dans le monde entier, ont été mises au service d'une religion civique, ciment fédérateur d'une opinion internationale. Mandela, comme personnalité monde, a donné littéralement corps à une mondialisation qui peine à s'incarner. Comme le cul