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Libération
Reportage

«Obamacare» : le Mississippi s’y perd

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L’Etat le plus pauvre des Etats-Unis reste circonspect face à la mesure qui entre en vigueur mercredi. Si certains sont soulagés d’avoir enfin une assurance santé, d’autres voient là l’ingérence d’un Etat fédéral «communiste».
Des militants pro-Obamacare, à Jackson dans le Mississipi, le 4 octobre. (Photo Jonathan Bachman. Reuters)
publié le 26 décembre 2013 à 19h36

La salle des fêtes de Flora, au cœur du Mississippi, a des airs de veillée mortuaire. Une demi-douzaine d'habitants, tous noirs, attendent les «navigateurs» venus de la capitale voisine, qui doivent les aider à souscrire à la nouvelle assurance maladie, le fameux «Obamacare», qui entre en vigueur mercredi. Tous sont sans couverture sociale depuis des années et souvent malades - diabétiques, cardiaques ou obèses -, mais il leur faut encore patienter : la procédure d'enregistrement est longue, entre quatre et cinq heures par personne ce matin. Le site internet fonctionne, mais très lentement.

Facture. La petite assemblée attend en silence, chacun comme emmuré dans son malheur. «J'ai entendu à la télévision que cela peut nous coûter 400 dollars par mois, s'inquiète Leonard Roberts, 63 ans, chauffeur de camion sans assurance depuis plus de douze ans. Je ne pourrai jamais me payer une des nouvelles polices si c'est si cher !» Pour Leonard, la réforme d'Obama arrive aussi trop tard : il y a deux ans, il a dû subir une petite opération chirurgicale. L'hôpital lui a présenté une facture de 13 000 dollars (9 500 euros), ensuite montée à 18 000 dollars quand les collecteurs de dette s'y sont mis. Depuis, il est interdit de crédit et redoute en outre de perdre bientôt son gagne-pain : son camion a presque 20 ans, il a besoin d'un nouveau moteur, mais aucune banque ne veut plus lui avancer l'argent à cause de cette vieille