Par la route ou par les airs, les «Tchadiens» de Bangui fuient massivement la Centrafrique, où leur vie est désormais en grand danger. Adoum, un commerçant de 47 ans, a accompagné sa femme et ses enfants en bordure de l'aéroport de la capitale, où plusieurs milliers de personnes campent, en espérant pouvoir monter dans le prochain avion, direction N'Djaména. «Je suis né ici, je suis centrafricain, précise-t-il d'emblée. Mes grands-parents se sont installés en Centrafrique avant l'indépendance [En 1960, ndlr]. Mais c'est devenu trop risqué aujourd'hui. Mon commerce, situé dans le quartier du PK5, a été pillé. La nuit, nous les hommes, on s'organise pour faire des rondes et protéger nos biens.» En quelques jours, près de 4 000 «Tchadiens» installés ici parfois depuis plusieurs générations et ne parlant pour beaucoup que le sango [la langue locale, ndlr] et l'arabe, sont déjà partis, a indiqué samedi le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat.
Harmonie. Face à l'urgence de la situation, Paris a mis à la disposition des autorités de N'Djaména un Airbus militaire, un A340 de l'escadron Esterel, qui a effectué plusieurs rotations entre Bangui et N'Djaména. Pour l'heure, seuls les femmes et les enfants sont concernés par ce pont aérien. Dans la fournaise de Bangui, on croise depuis quelques jours des convois hétéroclites, composés de camions bondés, de pick-up chargés de familles et de ballots et