Aujourd'hui, les bienséants iront probablement lire ailleurs. Et on ne le leur reprochera pas forcément, tant le portraituré du jour manie l'obscène et la jubilation en fétichiste d'une outrance dévergondée. C'est la réflexion que l'on se faisait en refermant la Centrale en chaleur, le deuxième livre de Genichirô Takahashi qui vient d'être publié en France. Dans ce roman loufoque et foutraque, l'auteur raconte l'histoire d'un réalisateur de film X qui décide de tourner un «porno philanthropique» afin de venir en aide aux sinistrés de Fukushima. Dans un pays qui a sanctuarisé la douleur et la mémoire des victimes de la catastrophe du 11 mars 2011 en un respectueux hommage œcuménique, il faut mesurer la charge parodique de cet écrivain lu et réputé, intellectuel hybride et inclassable que des internautes voudraient voir condamner.
La Centrale… f ourmille de loufoqueries, de chansons, d'histoires de singes, de poupées gonflables, de «chattes», de «bites», d'«anus», de «vibromasseurs». Elle couche sur le papier les fantasmes et les orgasmes. Sonde les râles et les mâles mis en scène dans des dialogues déliés et décousus. En ordonnateur frénétique, Takahashi convoque Adamo (si, si), Angelina Jolie, les Clinton, le Magicien d'Oz, évoque Ben Laden, l'empereur Akihito, Hashimoto ou «le gouverneur de mes deux» d'Osaka, Sarkozy, la pop japonaise, les Beatles («All we need is masturbation»). Bref, un faux-vrai porno-movie touche-à-to