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Libération
Reportage

«La révolution européenne doit avoir lieu dans nos têtes»

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Sur le Maïdan, à Kiev, les militants de «l’université ouverte» veulent impliquer les intellectuels et lutter contre l’influence des nationalistes dans les cortèges.
publié le 29 décembre 2013 à 19h46

Derrière la grande estrade où se produisent chaque jour sur la place de l’Indépendance (le Maïdan) chanteurs, animateurs et opposants, se tient une petite scène, sobrement décorée de bleu et de jaune, les couleurs de l’Ukraine, surmontée de l’inscription «université ouverte».

En cette journée de décembre, c'est au tour d'une jeune femme blonde et bouclée d'expliquer dans son micro à un groupe d'une soixantaine de personnes ce qu'est la théorie de la fenêtre brisée (Broken Window Theory) - un concept venu des Etats-Unis qui explique que si tu ne répares pas une fenêtre brisée dans un immeuble, toutes les autres finiront vandalisées - et comment elle peut aider à lutter contre la criminalité, un mal endémique en Ukraine. La jeune femme n'est qu'une conférencière parmi beaucoup d'autres qui viennent s'entretenir avec des manifestants Au programme ce jour-là : l'accord avec l'Union européenne signifie-t-il la faillite de l'économie ukrainienne ? L'Eglise peut-elle être un facteur de paix ou de révolution ? Peut-on mener une expérience d'avant-garde artistique dans un village ukrainien ?

Dialogue. «Nous sentions le manque de débats intellectuels. Nous nous disions que la révolution européenne devait avoir lieu dans nos têtes, pas seulement dans la rue», explique Ioulia Kotchergan, jeune consultante d'entreprise, qui s'est attelée, avec six ou sept autres militants, à la lourde tâche d'organiser les débats. Les séances