Alors que le Premier ministre islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, est toujours plus fragilisé par un scandale de corruption qu'il dénonce comme «une tentative de coup d'Etat judiciaire», l'armée s'est invitée dans la crise.
Que veut l’armée ?
Longtemps gardienne autoproclamée des valeurs de la République, l'armée turque, qui a mené trois coups d'Etat et poussé un Premier ministre islamiste à la démission en 1997, a été mise hors du jeu politique par le gouvernement de l'AKP. D'abord silencieux dans cette guerre fratricide entre islamistes qui oppose Erdogan à la confrérie et puissant réseau d'influence de Fettulah Gülen, l'état-major est entré en lice en déposant une plainte pour «complot»visant les procès des affaires Ergenekon et Balyoz. Ils ont abouti ces dernières années aux condamnations de centaines de militaires de haut rang accusés d'avoir tenté de déstabiliser l'AKP au pouvoir depuis 2002. «Des officiers de police judiciaire, des procureurs et des juges […] ont ignoré les requêtes de la défense et manipulé les preuves», affirme la plainte contre des magistrats des «tribunaux à compétences spéciales», dont bon nombre sont réputés «gulenistes». Ce sont les mêmes qui aujourd'hui s'activent dans les enquêtes visant l'AKP. D'où cette convergence objective d'intérêts.
Une recomposition politique est-elle en cours ?
Pour se concilier l'armée et les durs du camp la