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Libération
Interview

Aminata Traoré «La crise au Mali est liée à l’action en Libye»

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Aminata Traoré. ex-ministre malienne de la Culture :
publié le 5 janvier 2014 à 21h46

Connue pour son engagement altermondialiste, Aminata Traoré s’est tout de suite élevée contre l’opération Serval au risque de paraître isolée par rapport à ses concitoyens. Elle affirme aujourd’hui sentir un changement dans la perception de la présence française au Mali.

«Jusqu’à présent, les Maliens étaient sous le choc de la déroute de leur armée incapable de repousser les forces jihadistes et indépendantistes qui avaient envahi le nord du pays. Dans ce contexte, l’intervention française s’est facilement imposée comme inévitable, même s’il a fallu prendre par la main le président par intérim Dioncounda Traoré pour qu’il signe un appel à l’aide fin 2012. Mais aujourd’hui, les Maliens se posent des questions sur le rôle de la France dans notre pays.

«Le révélateur ? Le blocage de Kidal (lire ci-contre), cette ville du nord occupée par la France et les indépendantistes touaregs sans que l'armée malienne ne puisse y retourner. La France protège toujours les indépendantistes du MNLA sans dénoncer les liens qu'ils avaient noués avec les islamistes au Nord. En même temps, elle a fait du Mali le terrain de la lutte contre le terrorisme international. Mais ni la France ni les puissances occidentales ne semblent vouloir voir que les interventions armées ne font qu'apporter des solutions militaires à court terme à des problèmes sociaux et économiques plus anciens et plus profonds. Comment ne pas voir que trois décennies de médecine libérale imposée par le FMI ont jeté dans le