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Libération
Interview

«Les pays "sauvés" ne se relèvent jamais»

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Mohammed Mahmoud Ould Mohamedou. Ex-ministre des affaires étrangères mauritanien:
publié le 5 janvier 2014 à 21h46

Ancien ministre mauritanien des Affaires étrangères, Mohammed Mahmoud Ould Mohamedou est professeur invité au Graduate Institute de Genève et directeur de programme au Geneva Center for Security Policy.

«On assiste aujourd’hui à une dégradation de la norme du devoir d’ingérence qui s’était imposée peu à peu dans les années 90, avec des interventions qui apparaissent désormais surtout marquées par l’improvisation. Or, alors que ces interventions se multiplient, personne ne semble s’interroger sur leurs résultats : non seulement en Afrique (à l’exception de la Sierra Leone) mais aussi en Afghanistan ou en Irak, ces interventions militaires n’ont jamais permis aux pays "sauvés" de se relever. Ils restent en crise, fragiles et sans institutions fortes.

«C’est la construction de l’Etat qui devrait être au centre des préoccupations. Mais ce n’est pas le cas et dans les médias occidentaux, on se contente trop souvent de stigmatiser les pays du Sud, condamnés à échouer. Mais pourquoi alors n’ont-ils pas échoué dans les décennies précédentes ?

«On met en avant l’argument d’assistance humanitaire. Mais c’est la sécurité du Nord à court terme qui est le vrai enjeu de ces interventions, sans aucune vision d’avenir. En ce qui concerne l’Afrique, il y a aussi un manque fondamental de connaissance de la part des Occidentaux. Comme l’Orient autrefois, l’Afrique suscite un imaginaire fantasmé de la catastrophe permanente.

«La grande maladie de notre époque, c’est l’impatience face à la complexit