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Libération
Reportage

A Bangui, les réfugiés piégés du camp M’Poko

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Surpopulation, manque de moyens, maladies, insécurité… A côté de l’aéroport international, 100 000 personnes fuyant les violences des milices s’entassent dans des conditions effroyables.
publié le 6 janvier 2014 à 20h56

C’est le plus grand camp de déplacés de Bangui. Un parmi les 55 répertoriés par l’Unicef dans la capitale centrafricaine. Un camp gigantesque, anarchique et insalubre où bouillonnent 100 000 personnes massées au bord des pistes de l’aéroport M’Poko. Ils étaient moitié moins à la veille de Noël. Les affrontements quotidiens entre les groupes rebelles et les violences sur la population civile ont engendré la fuite massive des habitants des quartiers voisins. Les premiers déplacés sont arrivés le 5 décembre, jour de l’offensive des milices d’autodéfense chrétiennes, les «anti-balaka».

Depuis, sans discontinuer, de nouveaux Banguissois affluent. Médecins sans frontières est la seule organisation présente dans le camp depuis le début. Sa clinique déborde de patients. Des déplacés, mais aussi des blessés par balle ou par machette qui arrivent des alentours. Une dizaine de femmes accouchent ici chaque jour, jusqu'à quinze parfois. Chancela n'a pas réussi à rejoindre la clinique à temps. L'adolescente a donné naissance à un garçon, par terre, au beau milieu de ce camp à la densité de population intenable. Avec sa famille, elle vit ici depuis le 20 décembre dans des conditions indignes. Sa mère, Denise, décrit leur fuite brutale de leur quartier, le PK (point kilométrique) 5 : «Nous n'avons pris que quelques habits et un matelas. Rien d'autre.»

A quelques mètres de cette famille, Junior patiente, debout, derrière la barrière de sécurité. Il est blessé au pied gauche, probablem