Ce sont deux batailles fondamentales qui se déroulent au cœur du monde arabe. Et elles ont lieu sur deux fronts inédits. La première a comme théâtre Fallouja, en Irak. L’autre se poursuit à Raqqa, une capitale provinciale dans le nord de la Syrie, région très largement contrôlée par la rébellion. Et c’est la même formation dans la mouvance d’Al-Qaeda, l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui est l’épicentre de ces deux batailles et de ce qui apparaît comme un véritable tsunami politique et militaire. Ces derniers jours, des combattants de cette organisation ont ainsi pris le contrôle de Fallouja, de même qu’une partie de Ramadi, respectivement à 60 et 100 km à l’ouest de la capitale irakienne. En Syrie, après avoir conquis une partie importante du nord du pays, l’EIIL est à présent sur la défensive face à une coalition d’autres groupes rebelles qui, las de ses prétentions hégémoniques, entendent bien l’éliminer. Fait singulier : l’attaque contre l’EIIL est menée essentiellement par des formations elles-mêmes ultra-islamistes, à commencer par le Front al-Nusra, lui-même lié à Al-Qaeda.
Que se passe-t-il à Fallouja ?
Après l’invasion américaine de 2003, qui a chassé Saddam Hussein du pouvoir, les chiites, majoritaires en Irak mais totalement marginalisés du temps du défunt raïs, ont pris leur revanche. A la tête du pays, ils n’ont donc pas proposé un partage du pouvoir à la minorité sunnite mais, au contraire, ils l’ont marginalisée