Cette année, les rois mages apportèrent aux Grecs la présidence du Conseil de l’Union européenne. Or, le corps de la société grecque était déjà crucifié. Il faisait bien Vendredi saint cette nuit de la Saint-Sylvestre.
Au seuil de sa 33e année européenne, la Grèce se trouve trop près du « tout est accompli» christique pour être en mesure de ressentir, ne serait-ce que furtivement, ce package - en toutes circonstances aberrant - de fierté et de responsabilité dont les citoyens européens sont censés se doter subitement pour ces grandes occasions. On nous avait déjà fait le coup de ce genre de fantasmagories avec les «JO» (tout sauf une Olympiade…) de 2004.
Mais ce n’est pas tout. Le sentiment général qui prévaut à Athènes, ces jours saints de l’europrésidence, va bien au-delà de l’indifférence. La couronne d’épines, que les consuls de Bruxelles ont posée sur le front grec en guise de brimade, est bien perçue comme ce qu’elle est vraiment : un titre purement symbolique, que les détenteurs du vrai pouvoir s’amusent à «céder» volontiers au nom de quelque équité coutumière, afin justement de souligner son caractère exclusivement symbolique. Le vrai pouvoir est comme la liberté : il ne se cède pas. Il faut aller le chercher avec les dents.
Il y a quelque chose de particulièrement hideux dans cette fanfaronnade pèrenoëlesque qu'est la joyeuse proclamation de la Grèce en rex europæorum, tout juste dix jours après l'approbation in extremis p