Matinée d'audience ordinaire à la chambre correctionnelle numéro 6 du palais de justice de Tunis. Comme d'habitude, une bonne partie des dossiers entassés sur le bureau du juge touche à la consommation de zatla, la résine de cannabis. Parmi les prévenus, Nabil, gaillard de 34 ans, journalier tout juste rentré d'Italie, qui a été arrêté un soir avec deux amis alors qu'ils squattaient les marches d'une boutique dans la cité Intilaka, un quartier populaire de la capitale. La patrouille de police a trouvé à leurs pieds des mégots de joints : suffisant pour embarquer tout le monde et les soumettre au test urinaire qui dépiste le haschisch, même plusieurs semaines après la consommation. Testé positif, Nabil a écopé de la condamnation standard : un an de prison ferme et une «Vespa», surnom donné à l'amende de 1 000 dinars (444 euros), sans doute en raison des nombreux scooters sacrifiés pour s'en acquitter.
C'est là la peine plancher prévue par la loi de 1992 sur les stupéfiants : «Sera puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 1 000 à 3 000 dinars tout consommateur ou détenteur à usage de consommation personnelle de plantes ou matières stupéfiantes, hors les cas autorisés par la loi. La tentative est punissable», énonce l'article 4.
«Tout le monde fume ici ! Il faut une solution, cette loi détruit plein de jeunes», souffle le frère d'Amine, coaccusé de Nabil. «Chaque samedi soir, la police fait des rafles dans le quartier. Nous, les p