L'air apeuré, l'homme aux cheveux grisonnants est prestement embarqué à l'arrière d'un pick-up par les soldats congolais de la force africaine de paix, la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique). «C'est un Séléka [l'ex-rébellion au pouvoir depuis mars, ndlr], il a failli se faire lyncher par la foule», murmure un employé local d'une agence de l'ONU. Le véhicule démarre en trombe.
La scène se déroulait il y a quelques jours à proximité de l’église évangélique du quartier des Castors, dans le centre de Bangui. Des milliers de déplacés y campent : à l’intérieur de l’édifice religieux pour les premiers arrivés, ou à même le sol pour tous les autres. Aux carrefours stratégiques de la capitale centrafricaine, devant le bureau du Premier ministre, aux abords de l’aéroport ou des dizaines de camps de déplacés qui ont essaimé en un mois aux quatre coins de la ville, les 4 000 hommes de la Misca sont omniprésents. En première ligne, aux côtés des 1 600 soldats français de l’opération Sangaris, pour tenter d’empêcher le pays de glisser dans la guerre civile. Les contingents viennent du Tchad, du Congo-Brazzaville, du Cameroun, du Gabon - autant de pays qui suivent de très près le drame qui se déroule à leurs portes. Mais aussi du Burundi, et prochainement du Rwanda. Au total, cette force financée en grande partie par l’Union européenne devrait atteindre 6 000 hommes.
Ils ne seront pas de trop. Fin décembre, en l’espace de quelques jours, la Misca a p