Malgré une interdiction de dernière minute, des dizaines de milliers de Basques convergeront ce samedi dans les rues de Bilbao, en soutien aux 421 prisonniers d'ETA qui demeurent dans des prisons françaises ou espagnoles. Au moins 400 bus ont été affrétés de tous les recoins du Pays basque. La journée, où se mêleront mobilisation et fête, tiendra lieu de baromètre de l'appui social dont bénéficient les milieux abertzale, cette gauche patriotique qui souhaite avec ardeur l'indépendance de leur région.
Un magistrat a pourtant interdit vendredi le rassemblement au prétexte qu'il a été conçu par Herrira, le collectif de prisonniers basques qui, d'après lui, serait contrôlé par la moribonde organisation terroriste - l'ETA a décrété un «cessez-le-feu définitif» en 2011 sans pour autant se dissoudre ni rendre les armes. Le gouvernement nationaliste basque a qualifié cette décision judiciaire de «grave et incompréhensible».
«Le juge a commis une grave erreur, il ne peut pas taire un mouvement démocratique», a réagi Pernando Barrena, homme fort de Sortu, la formation politique des séparatistes radicaux. Il ne s'agit pas, comme le dit le magistrat, d'«un soutien au terrorisme, mais d'une juste revendication». L'objectif de la mobilisation : exiger de Madrid le rapprochement des détenus - anciens membres d'ETA, la plupart repentis - vers des prisons situées au Pays basque ou à proximité. Une majorité sont en effet détenus dans des pénitenciers