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Interview

Sharon, la politique au bout du fusil

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Le journaliste Marius Shattner raconte la manière dont le général israélien, mort samedi, s'est construit une légitimité malgré un parcours sanglant.
Ariel Sharon (avec le bandeau blanc) avec Moshe Dayan (à gauche), sur la rive ouest du canal de Suez, en octobre 1973. (AFP)
publié le 11 janvier 2014 à 14h00

Marius Shattner, ancien correspondant de Libération à Jérusalem puis journaliste au bureau israélien de l'AFP, vient de publier un livre sur la guerre de Kippour, celle qui a mis Ariel Sharon sur orbite. Il revient sur le personnage qui, mort samedi après huit ans de coma, a mené de front la stratégie militaire et politique.

Quel a été le rôle exact d’Ariel Sharon pendant la guerre de Kippour, en 1973 ?

Le 6 octobre 1973, les armées égyptiennes et syriennes (avec des contingents irakiens, marocains, et jordaniens) attaquent Israël par surprise au nord et au sud. Le front dans le Golan est crevé, l’armée égyptienne enfonce la ligne Bar Lev et avance dans le Sinaï. A cette date, Ariel Sharon a quitté l’armée depuis deux mois parce qu’on refusait de le nommer chef d’état-major – il était auparavant commandant de la région sud, soit tout le front d’Israël avec l’Egypte.

Sharon arrive en retard, à la tête d’une division blindée de réservistes. Les chars ne sont pas très performants, avec des problèmes mécaniques dans le désert, les unités constituées à la hâte ne sont pas bien organisées, la situation est très grave. Une première contre-attaque israélienne échoue le 8 octobre, l’infanterie égyptienne résiste plus que prévu.

Sharon joue un rôle essentiel dans la victoire parce qu’il pense qu’il faut traverser le canal de Suez, prendre un risque, et désorganiser l’armée égyptienne. Il enlève une partie des troupes dans les fortins en premier ligne sur le canal de Suez parce qu’il croit à une défense moins statique, à des contre-attaques de blindés de l’a