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grand angle

Ariel Sharon, retour à la terre

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Mort samedi, le fils de pionniers devenu héros de guerre était un franc-tireur.
publié le 12 janvier 2014 à 18h46

La mort, disait Malraux, c’est ce qui transforme une vie en destin. Et parfois les soudards en héros, aurait-il pu ajouter. La vie d’Ariel Sharon, décédé samedi, affiche les ingrédients d’une épopée individuelle qui recouvre et souvent excède celle de son pays. Du jeune soldat élancé à l’officier couvert de gloire, jusqu’au taureau têtu balayant les oppositions, il aura combattu dans toutes les guerres d’Israël, joué tous les coups tordus militaires et politiciens. Et connu l’abîme comme les sommets. Ariel Sharon est celui que son peuple a adoré haïr puis aimer…

D'abord, il faut plonger dans le pays de son enfance. Kfar Malal est un village agricole misérable, dans la plaine du Saron, où Shmuel et Vera Scheinermann débarquent de Biélorussie dans la première décennie du XXe siècle. Sionistes ardents, ils ont renoncé à leurs diplômes pour travailler la terre ; tout au plus ont-ils apporté un violon et un poignard. Ariel y naît le 26 février 1928, commencera le violon à 6 ans et recevra à sa bar-mitsva le couteau de son père. Pour se défendre contre les chapardeurs arabes des environs. Sa mère dort avec un gourdin sous son oreiller. Le couple est en guerre contre ses voisins, et son père qui, à la veille de sa mort en 1956, refuse que son oraison funèbre soit prononcée par les villageois, lui intimera : «Ne pardonne jamais à tes ennemis.» «Mes parents, confiera-t-il un jour, donnaient le sentiment de la force, de l'opiniâtreté, de l'esprit de déc