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Libération
Reportage

En Slovaquie, Marian Kotleba fait Führer

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Voyage parmi l’électorat du gouverneur néofasciste de la région de Banská Bystrica, élu en novembre après une campagne anti-Roms.
Marian Kotleba durant une manifestation anti-Roms, à Sarisské Michal'any, dans l'est de la Slovaquie, en 2009. (Photo Victor Breiner. AFP)
publié le 13 janvier 2014 à 17h06

Il est 15 heures à Banská Bystrica et le soleil se couche déjà sur cette bourgade de Slovaquie située à l’extrême orient de notre fuseau horaire. Tout alentour, les flancs boisés des montagnes plongent dans l’ombre quelques villages semblables les uns aux autres. Les 653 000 habitants de la région, éparpillés au gré de reliefs découpés et de mauvaises routes secondaires, semblent somnoler dans leur éternel enclavement. Voilà dix ans qu’ils ont rejoint l’Union européenne, amer anniversaire : à 212 kilomètres de Bratislava, la capitale slovaque, la vie n’a pas changé, le taux de chômage s’élève toujours à 18% et rares sont les visiteurs.

Le 23 novembre, Marian Kotleba, un nostalgique affiché du IIIe Reich qui s'est fait un nom localement en promettant l'expulsion des Tsiganes, a été élu au poste prestigieux de gouverneur (président) de la région de Banská Bystrica. La province a alors fait irruption dans l'actualité européenne avant de vite retomber dans l'oubli. C'est pourtant là, dans l'est de cette petite Slovaquie de 5,4 millions d'habitants, dont 9% de Roms - le plus fort taux de l'UE -, que le populisme et la xénophobie ordinaire qui grondent dans les campagnes hongroises et autrichiennes voisines se sont exprimés fortissimo.

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