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Libération

L’An IV des révolutions arabes

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publié le 14 janvier 2014 à 17h06

L’islamisme est, décidément, soluble dans la démocratie. Beaucoup continuent d’en douter à cause de la phase de chaos que traversent les «révolutions arabes» mais, trois ans après les débuts de ce printemps, l’islamisme n’a plus rien d’une force homogène, en constante ascension et stratégiquement menaçante.

Tout autour de la Méditerranée, il s’essouffle au contraire, recule et se diversifie dans un mouvement qui isole toujours plus ses courants les plus fanatiques. Bien trop lentement mais inexorablement, l’islamisme accouche de nouvelles formations, religieuses, puritaines et néolibérales, «islamo-conservatrices» mais toujours plus éloignées de la violence et d’une tentation théocratique qui n’est plus celle des sociétés musulmanes, en admettant qu’elle l’ait jamais été.

Première à renverser son dictateur, le 14 janvier 2011, la Tunisie avait également été la première à porter ses islamistes au pouvoir en donnant une majorité, relative mais écrasante, à Ennahda, parti issu des Frères musulmans. Ces élections avaient été parfaitement régulières. Les plus pessimistes en avaient conclu qu’une dictature allait succéder à l’autre. Bien peu de gens avaient alors souligné que, tous partis confondus, les laïques avaient obtenu plus de voix que les islamistes. On n’avait pas su voir, non plus, que les électeurs d’Ennahda étaient des conservateurs petits-bourgeois qui n’aspiraient nullement à la guerre avec l’Occident mais à la liberté du petit commerce, à la rigueur des mœurs et au mo