«Ça part, ça s'arrête, ça reprend, ça s'interrompt», s'agaçait la semaine dernière un élu, après quatre jours de débats liés à l'adoption d'une nouvelle Constitution. «Ça redémarre», se félicite au contraire Mohamed Tahar Tlili, député d'Ennahda, en référence aux six mois de paralysie politique qui ont suivi l'assassinat du député Mohamed Brahmi, cet été. «L'ambiance n'est pas géniale, beaucoup de péripéties ont laissé leurs traces», commente sa collègue Selma Mabrouk, parmi les élus d'opposition qui s'étaient alors «retirés» de l'Assemblée constituante. Chaque début de séance accuse ainsi un minimum d'une heure de retard. Le temps de conclure, en coulisses, les ultimes accords. Pas un jour sans que n'éclate une polémique. Parfois même, il faut tout arrêter, le temps de calmer les nerfs à vif, de négocier une solution en petit comité.
Plus de deux ans après leur élection, les députés ont enfin entamé, le 3 janvier, la procédure d’adoption de la Constitution. Dans le même climat que celui qui a dominé leurs travaux : électrique, conflictuel, désordonné et, parfois, empreint de l’émotion des moments d’histoire. Aux Tunisiens fatigués par une transition tourmentée, excédés par la classe politique, une promesse - l’énième - avait été faite : finaliser le texte pour le 14 janvier, date du troisième anniversaire de la chute de Ben Ali. Elle n’a pas été tenue. Mais le vote article par article avance : les deux tiers ont été entérinés à ce jour.