Au début, il n’osait pas. Il y a un an, le photomontage était sur son téléphone, mais il le cachait ; maintenant, il l’exhibe sans complexe. L’image ? Mouammar al-Kadhafi en uniforme militaire blanc avec lunettes de soleil, sur fond de carte libyenne en vert.
«Dans six mois, nous serons de retour !»
affirme Imad (1), ancien employé du ministère des Affaires étrangères réfugié à Tunis depuis la fin de la révolution. Le discours revanchard n’est pas nouveau de la part des kadhafistes, mais la situation de plus en plus fragile du pays rend l’avertissement toujours plus consistant. En décembre, le général Ali Kana, responsable des forces militaire du Guide dans le Sud durant la révolution et en exil depuis, était ainsi sur le sol libyen, selon des sources diplomatiques.
«Nous fonctionnons par cloisonnement. Je ne connais que mon chef, je ne sais pas qui est au-dessus. Je me prépare à franchir la frontière dès que j'en recevrai l'ordre», décrit Imad. «Evoquer une guerre civile me paraît excessif, même si la situation réserve des rebondissements, nuance pour sa part Saïd Haddad, chercheur associé à l'Institut français de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman. Je parlerais surtout d'un millefeuille de conflits territoriaux qui empêche le gouvernement central de se mettre en place.»
«Révolution confisquée». Attentats ciblés contre les forces de l'ordre, enlèvement du Premier ministre, blocages des