Menu
Libération

Au Liban, le geste flou des incendiaires d’une bibliothèque

Article réservé aux abonnés
publié le 16 janvier 2014 à 20h56

Le feu a été maîtrisé en une dizaine de minutes, mais cela n’a pas permis de sauver près d’un quart des 85 000 ouvrages scientifiques et religieux de la bibliothèque al-Saeh, l’une des plus grandes du Liban. Située depuis plus de trente ans dans le cœur historique de Tripoli - la deuxième ville du Liban, dans le nord -, elle appartient au prêtre grec orthodoxe Ibrahim Sarrouj. Elle a été incendiée début janvier par des inconnus armés. L’une des raisons évoquées : un pamphlet de quatre pages hostile à l’islam et au prophète Mahomet que le prêtre est accusé d’avoir rédigé et envoyé à imprimer avec plusieurs autres livres. Le texte, qui évoque de manière provocatrice la vie du Prophète, est en fait totalement étranger au prêtre, puisqu’il a été publié en 2010 sur un site danois par un dénommé Ahmed Kadi. La rumeur s’est pourtant répandue comme une traînée de poudre sur Internet, accusant également le curé de pédophilie.

La veille de l'incendie, des hommes cagoulés avaient lancé un avertissement, blessant un jeune employé dans la bibliothèque. Il y a un an et demi, certaines personnes du quartier avaient déjà accusé le père Sarrouj de jeter des livres musulmans dans la poubelle de l'établissement. Jusqu'ici cependant, le prêtre n'avait jamais été menacé. Erudit du Coran et respecté de tous, il est volontiers surnommé le «prêtre des musulmans». «Je ne veux pas faire de spéculations. Peut-être que les responsables de l'incendie ont tenté d'allumer un nouveau conflit se