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analyse

Les confrères ennemis de Turquie

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Le Premier ministre Erdogan a juré la perte du mouvement de l’imam Gülen, qu’il accuse d’être derrière les trois vastes enquêtes anticorruption menées depuis décembre.
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, avant de s'exprimer devant le Parlement turc, à Ankara, mardi. (Photo Adem Altan. AFP)
publié le 16 janvier 2014 à 20h56

«Agent des juifs», «sale Arménien», «laquais des Américains» : chaque jour, sans cesse depuis bientôt un mois, arrivent menaces et insultes. «Quand un pouvoir souffle la haine, tout peut arriver et l'Etat de droit est aujourd'hui menacé», soupire Abdullah Bozkurt, chef du bureau d'Ankara de Today's Zaman, version anglaise du quotidien Zaman, premier tirage du pays et vaisseau amiral de l'empire de presse de la confrérie islamiste de Fethullah Gülen, imam septuagénaire réfugié aux Etats-Unis depuis 1999. Longtemps alliée de l'AKP - le Parti de la justice et du développement, mouvement islamo-conservateur du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002 -, la très influente «Cemaat» (la communauté), comme l'appellent ses membres, est désormais devenue l'ennemi à abattre pour le Premier ministre. Il accuse la confrérie, également toute puissante dans l'éducation via ses réseaux d'écoles, d'être derrière les trois grandes enquêtes anticorruption qui ont entraîné le 17 décembre l'arrestation d'une vingtaine de personnes - hauts fonctionnaires, directeurs de banque et deux fils de ministres -, et dont il pense être la véritable cible.

«C'était une tentative du coup d'Etat judiciaire, une tâche noire dans l'histoire de la démocratie turque», martèle Erdogan, dénonçant un complot d'Israël, des Américains et des lobbys financiers, vilipendant cet «Etat dans l'Etat», ce «gang» qui en serait l'outil