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Libération
Interview

En Turquie, «une guerre de tous contre tous»

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Menderes Cinar, politologue spécialiste de l’AKP, le parti islamiste au pouvoir, revient sur le bras de fer qui oppose Recep Tayyip Erdogan à la confrérie de Gülen, imam septuagénaire réfugié aux Etats-Unis.
Un manifestant brandissant une bannière représentant le Premier ministre Tayyip Erdogan et Fethullah Gülen, le 30 décembre 2013 à Istanbul. (Photo Osman Orsal. Reuters)
publié le 17 janvier 2014 à 12h02

Le gouvernement turc a procédé jeudi à une nouvelle purge dans les rangs de la justice, tentant d'étouffer l'enquête anticorruption qui l'éclabousse. Le Premier ministre Erdogan accuse la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, très influente dans la police et la justice, de manipuler l'enquête pour le déstabiliser à la veille des élections municipales.

Politologue et professeur à l’université Baskent d’Ankara, Menderes Cinar est considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de l’AKP, le parti au pouvoir. Il explique ce qui oppose Erdogan et la confrérie islamiste de Gülen, imam septuagénaire réfugié aux Etats-Unis depuis 1999.

D’où vient ce conflit qui déchire le pouvoir en Turquie? 

Lors de sa victoire électorale en novembre 2002, l’AKP n’avait que quelques mois d’existence. L’alliance avec la confrérie de Fethullah Gülen, elle aussi partisane d’un islam modéré, a alors été essentielle pour pour disposer de cadres et d’hommes au sein de l’appareil de l’Etat afin de mettre peu à peu l’armée hors du jeu politique, et marginaliser la bureaucratie kémaliste laïque. Dès le début, des divergences apparaissent : contrairement à Erdogan, les «gülenistes» considèrent l’Union européenne et les Etats-Unis comme des interlocuteurs essentiels, mais condamnent le processus de paix avec la rébellion kurde.

A quel moment l’alliance a explosé? 

A l’automne 2013, la décision du gouvernement d’interdire les établissements de soutien scolaire, manne