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Libération

La lente dérive de «l’agence qui n’existait pas»

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L’historien James Bamford dénonce une institution «devenue folle».
publié le 17 janvier 2014 à 21h46

Ce qui arrive aujourd'hui à la NSA est le pire qui peut arriver à un service secret : «Elle n'est plus secrète !» se moque James Bamford, l'historien non officiel de la National Security Agency qui, depuis plus de trente ans, travaille à soulever le voile de mystère qui recouvre encore l'agence. En 1982, lorsqu'il présentait son premier livre consacré à la NSA, The Puzzle Palace, un éminent sénateur démocrate lui avait demandé : «Mais qu'est-ce que c'est, la NSA ?» se souvient Bamford. A l'époque, même les éditeurs de son livre avaient aussi confondu NSA et Nasa, la bien plus célèbre agence chargée du programme spatial américain. L'acronyme NSA pouvait alors vraiment se lire «No Such Agency» («cette agence n'existe pas»). «Aujourd'hui, on dit plutôt "Not Secret Anymore" [«cette agence n'est plus secrète]», s'amuse son biographe.

«Folle». A la veille du discours de Barack Obama (lire ci-contre), James Bamford a attiré plus de 200 journalistes et esprits critiques au Press Club de Washington, curieux d'en apprendre toujours plus sur cette mystérieuse NSA. «Son quartier général, à Fort Meade, est si gigantesque qu'on pourrait y rentrer quatre fois le Capitole», décrit Bamford. Pendant des années, et dans l'opacité la plus totale (même son budget est toujours classé secret), la NSA a aussi disposé des plus gros moyens parmi les services secrets américains. Il a fallu les