On savait déjà que des milliers de prisonniers est-allemands avaient subi à leur insu des essais cliniques pour le compte de laboratoires de l’Ouest. Selon un rapport commandé par l’organisme chargé de gérer les archives de la Stasi, la BStU, à l’historien Tobias Wunschik, le régime communiste a également contraint dans les années 80 des prisonniers politiques et de droit commun à donner leur sang, vendu ensuite à l’Ouest via un intermédiaire suisse. Le rapport de la BStU doit être publié aujourd’hui sous le titre «Biens fabriqués en prison pour l’ennemi de classe». Il se concentre sur les prisons de Waldheim, en Saxe, et de Gräfentonna, en Thuringe.
Face au développement tardif du sida en RDA, les besoins en devises augmentent considérablement au début des années 80 pour acheter vaccins et premiers traitements. L'exportation de plasma sanguin apparaît alors aux autorités comme une activité lucrative. Berlin fixe à chaque région des quotas de récolte de sang à atteindre. Face aux réticences de la population, les autorités se tournent aussi vers les prisons. Les faits sont confirmés par l'ancien vice-chef de l'Institut pour le don du sang de la région d'Erfurt, Rudolf Uhlig, à la chaîne de télévision ARD : «Nous nous rendions à intervalles irréguliers dans la prison. Pour nous, cela valait le coup d'y aller, car à chaque fois nous avions 60 à 70 donateurs. Je ne me souviens pas que nous ayons une seule fois prélevé le sang des employés. Ce n'étaient que des prison