La fête est déjà finie. Alors que Catherine Samba-Panza devient officiellement aujourd’hui la première femme à diriger la Centrafrique, les préparatifs de la cérémonie d’investiture - à laquelle doit assister le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius - ont été ternis par les affrontements qui ont notamment endeuillé Bangui hier.
Ironie du sort, les heurts qui se sont déroulés dans la capitale ont eu lieu à quelques mètres du domicile de la femme qui incarne pour la Centrafrique le dernier espoir de sortir du chaos. Hier, Catherine Samba-Panza a ainsi connu son baptême du feu. Coincée dans sa jolie villa fleurie, la nouvelle présidente a pu vivre en direct l’écho des affrontements qui ont fait au moins dix morts : ils se déroulaient dans sa propre rue, qui longe les rives du fleuve Oubangui, dans le quartier de Ngaramba.
Charbon. «On a une nouvelle présidente, c'est bien. Mais le problème, c'est qu'on continue à nous tuer !» dénonce un jeune homme en sueur devant le barrage improvisé qui bloquait la rue depuis le début de la matinée. Tout autour de lui, des jeunes, le visage souvent noirci par une sorte de charbon censé les «protéger des balles», agitent des machettes et ramassent des pierres, dans un état d'excitation intense. L'ambiance est électrique dans ce quartier jusqu'alors plutôt préservé des violences et qui abrite la résidence de l'ambassadeur de France, la prison de Bangui et le plus grand ca