La composition de la délégation syrienne donnait une indication claire des intentions de Damas. Si le régime participait hier à la conférence de paix de Montreux, sur les bords suisses du lac Léman, ce n'était pas pour trouver une solution politique, mais pour livrer bataille et montrer que la guerre en cours n'est en rien civile, mais un conflit imposé de l'étranger. Aussi comptait-on parmi les délégués à la fois une volée de diplomates de haut rang et des communicants, comme Omran Zoabi, le ministre de l'Information, ou Bouthaina Chaabane, l'inamovible conseillère de Bachar al-Assad. «Une équipe de tueurs, rompus à toutes les négociations qui, dans le passé, ont banané les Européens, les Américains, les Israéliens…» résumait crûment un diplomate de l'Union européenne présent à Genève. «Bachar al-Assad continue de traiter la crise syrienne comme si c'était un problème extérieur, celui de terroristes manipulés par l'étranger», commentait un autre diplomate.
La prestation de la délégation syrienne fut à la hauteur de cette attente et, donc, d'une rare violence. Prenant à partie l'opposition, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, l'a d'emblée accusée de connivence avec Israël et de n'avoir apporté que la «honte» au pays. «Ils ont trahi la Syrie en dehors de la Syrie, ils se sont vendus au plus offrant. Un traître ne peut pas parler au nom du peuple syrien, a-t-il lancé. Nous sommes ici afin de prévenir l'effondrement