C'est en Haute-Galilée, dans les forêts de Biriah surplombant la bourgade de Safed, foyer des kabbalistes dans la Palestine ottomane du XVIe siècle, que Tikun Olam s'est installé. Tikun olam, qui signifie en hébreu «la réparation du monde», est une référence directe à la pensée mystique du très vénéré rabbin Isaac Louria, né à Jérusalem et enterré dans cette ville en 1572, évoquant le devoir de réparer les failles originelles de la Création, chaque jour, par une action juste, une mitzvah. Celle de la société Tikun Olam, en l'occurrence, est de produire quotidiennement depuis six ans du cannabis médical.
Fondée par la famille Cohen, originaire du Maroc, cette entreprise est la plus importante des huit sociétés habilitées par les ministères de la Santé et de l'Agriculture à cultiver des plants de marijuana. Elle fut aussi la première à obtenir, en 2007, le droit d'en faire pousser pour les quelques patients en grande souffrance autorisés à en consommer, à raison d'une cinquantaine de plants maximum et à condition de fournir l'herbe gratuitement aux malades. Ce qui fut fait, comme une mitzvah, par le fils Cohen, ingénieur, rentré de Californie en 2004 illuminé par les pouvoirs bienfaiteurs de l'herbe. Les plants furent cultivés dans l'appartement familial - «Il y en avait partout», se souvient Dorit, sa mère, une femme joviale au physique généreux, ex-prof de sciences à la main verte. «Les malades venaient chez nous, ou alors, c